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printemps invite en nos climats, la plus connue est sans contredit la Grive erratique (Turdus migratorius) à laquelle les premiers colons anglais donnèrent le nom de Robin, à cause d’une prétendue ressemblance avec le Robin red-breasted de la Grande-Bretagne, lequel appartient à une tout autre famille. Buffon a décrit cette Grive, sous le nom de Litorne du Canada, et les premiers Français qui se fixèrent en la Nouvelle-France lui octroyèrent le nom de Merle (qu’elle porte encore), par l’analogie de son cri bref et entrecoupé avec le Merle français, quoique sous la plupart des autres rapports elle en diffère entièrement.

Son parcours s’étend de la Louisiane à la terre du Labrador ; elle se montre en bandes en avril et en septembre, période de ses migrations annuelles, jusque sur la lisière des villes. Plusieurs couples s’établissent dans nos campagnes, mais le plus grand nombre gagne le Nord. Ils possèdent à un degré éminent la mémoire et l’affection des lieux ; si on ne les moleste, ils reviennent chaque printemps au nid qu’ils se sont une fois construit. Un couple de ces aimables oiseaux niche depuis nombre d’années dans un buisson sous nos fenêtres. Il est rare de voir, dans nos campagnes, un groupe de sapins, un verger, un vieux manoir dont les grands ormes ou les peupliers de Lombardie ne contiennent le berceau et la famille d’un couple ou plus de ces oiseaux.

« À la Baie d’Hudson, dit Sir John Richardson, les bois sont silencieux pendant la grande clarté du jour ; mais vers minuit, lorsque le soleil est près de l’horizon et que l’ombre des arbres s’allonge, le concert des Merles commence et ne finit que vers six ou sept heures du matin. Ce chant se compose d’une variété de notes fort accentuées et fort mélodieuses. »

Le cri d’appel du Merle lorsqu’il cherche sa nourriture à terre ou qu’il se pose en hochant la queue sur les clôtures, consiste en diverses exclamations qu’il répète avec emphase pwee-sht, pwee-sht, pemp, pemp, qu’il accompagne d’un claquement de