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GRIVES.


Gueneau de Monbeillard a suivi l’usage reçu, en nommant Grives ceux de ces oiseaux qui ont le plumage grivelé sur la poitrine et en appelant Merles, ceux dont le vêtement est uniforme ou varié seulement par de grandes parties. Vieillot a adopté cette classification malgré les inconvénients qu’elle offre, puisque entr’autres le Merle du Canada a la poitrine grivelée, pendant sa première année ; nous comprendrons sous le nom général de Grive tous les individus de cette famille qui visitent nos latitudes, tels que la Grive Erratique, la Grive de Swainson, la Grive Solitaire, la Grive des Ruisseaux, la Grive Catbird, la Grive Rousse et la Grive des bois.



LE MERLE OU ROUGE-GORGE DU CANADA.[1]
(Robin.)


Parmi les six ou sept espèces de Grives que le

  1. Il faut bien se garder de le confondre avec le Rouge-Gorge de France, « cet oiseau du bon Dieu, ce consolateur du pauvre, la plus noble et la plus héroïque des créatures ailées la plus amie de l’homme. »
    La légende catholique a illustré le Rouge-Gorge ; les poëtes l’ont oublié, excepté George Sand. Une légende bretonne rapporte que le Rouge-Gorge accompagna le Christ sur le Calvaire et détacha une épine de la couronne du Divin Rédempteur, et que Dieu en récompense de cette manifestation courageuse l’anima de l’Esprit Saint. À partir de ce jour, l’oiseau pieux avait eu mission de conjurer les sortiléges et de déjouer les entreprises du malin esprit. Et comme dans la contrée naïve où régna le roi Arthus, la croyance à l’intervention des enchanteurs et des fées, des bons ou des mauvais génies dans les affaires des hommes, se mêla de tout temps à la foi et aux miracles de notre religion, il arriva bientôt que le Rouge-Gorge, qui se rencontre toujours dans la voie du travailleur, passa dans l’opinion du monde des campagnes pour l’agent mystérieux des puissances surnaturelles et le porteur des messages des génies bienfaisants. (Toussenel.)