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ami dont la voix pendant l’été nous est presqu’aussi familière que celle du merle. Ce bel oiseau se plaît sur les arbrisseaux plus que sur les grands arbres. Il se rapproche des Fauvettes par sa pétulance et son agilité ; comme elles, il aime les buissons et s’élève rarement à la cime des grands arbres, excepté que ce soit à la poursuite des essaims d’insectes et de mouches qui y séjournent. Quand ce Moucherolle se perche sur une branche, il la parcourra dans toute sa longueur, la queue tendue, et s’élancera tout à coup dans une direction tout opposée à la poursuite d’insectes qu’il discerne de fort loin. Son gazouillement, bien que gai, n’est pas un chant régulier : quelquefois il se compose des sons weesé, weesé, weesé, répétés à tous les quarts de minute, pendant que ce Moucherolle sautille de branche en branche ; à d’autres temps, ce chant varie. On le rencontre d’ordinaire dans le cœur des grands bois, sur la lisière des savanes, dans les endroits recouverts d’arbres touffus, partout enfin où abondent les insectes. Il couve dans tous les grands bois autour de Québec ; nous avons vu son nid à Spencer Wood et ailleurs.

Il choisit un arbrisseau bien ombragé, bien caché, ou bien encore les branches pendantes d’un orme, et placera le berceau de ses jeunes à quelques pieds de terre : l’alcôve nuptiale est composée de filasse, de mousse, et autre substance moelleuse liées ensemble avec la salive glutineuse de l’oiseau. La femelle pond cinq œufs blancs, maculés de gris et de noir. Le mâle montre un grand courage et une grande sollicitude pour protéger la jeune famille ; lorsqu’on approche du nid, il voltigera à deux pas de vous, avec tous les symptômes d’une douleur vive.

Le mâle a la tête, le cou, le dos, la gorge, les ailes et la queue d’un beau noir tirant sur le bleu ; une tache d’un jaune doré sur les pennes primaires, sur celles de la queue, à l’exception des quatre intermédiaires, et sur chaque côté de la poitrine ; le ventre et les parties postérieures sont d’un blanc