Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Éperviers, les Corneilles[1] craignent de se montrer où est le Titiri. Doué du courage des plus grands oiseaux de rapine, c’est surtout lorsqu’on cherche à lui enlever sa jeune famille, qu’il en donne les preuves les plus frappantes ; son audace devient fureur ; il se précipite sur le ravisseur, le poursuit avec intrépidité, et si, malgré ses efforts, il ne peut sauver ses petits, il en prend soin dans la prison où ils sont retenus.

Les Titiris couvent en juin et juillet. Ils placent leur nid à la bifurcation des branches d’un arbre élevé et le composent de petits rameaux secs et d’herbes fines. Leur ponte est de trois ou quatre œufs blancs avec des taches longitudinales brunes et rousses vers le gros bout : l’incubation dure treize ou quatorze jours et les petits éclosent couverts de duvet ; ensuite ils se revêtent d’une robe dont les teintes sont plus ternes que celles des vieux, et ils n’ont alors sur la tête aucun vestige de la couleur jaune ou orangée qui caractérise le plumage des adultes.

Le Titiri est un oiseau trapu, un peu moins gros qu’un Merle ; son manteau est gris-noir ; le ventre gris-blanc ; il a la tête noirâtre, avec une tache rouge vif entourée de jaune, et porte une espèce de huppe.

Dimensions du mâle, 8 × 14 .

Les couleurs de la femelle sont moins vives.

Ces oiseaux sont sédentaires en petit nombre dans la Floride du Sud.


  1. « La Corneille qui est si fanfaronne quand elle s’en prend au pauvre Hibou, qui n’y voit goutte le jour, n’a d’autre défense qu’une honteuse fuite à opposer aux attaques d’un tout petit oiseau que nos habitants appellent “Tri-tri”. Il fait son nid au haut des grands arbres et lorsque la Corneille veut s’y reposer dans ses courses journalières, de la montagne à la rivière Saint-Charles, le Tri-tri, alarmé pour la sûreté de sa ponte ou de ses petits, fond de suite sur la Corneille, se cramponne sur son dos et lui fait de douloureuses blessures avec son bec : la Corneille s’enfuit à tire d’ailes en jetant les hauts cris, poursuivie par son ennemi qui ne cesse de la persécuter, que lorsqu’il l’a conduite assez loin pour n’en avoir plus rien à craindre. » — (Ed. Glackemeyer, de Québec.)