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LE MARTIN-PÊCHEUR.[1]
(Belted Kingfisher.)


Cet oiseau que la mythologie antique a immortalisé sous le nom d’Alcyone, fille d’Éole, est répandu dans l’Amérique, depuis le Mexique jusqu’à la Baie d’Hudson. À l’instar des bergers amoureux chantés par les poëtes, il recherche le ruisseau au doux murmure, le cours d’eau limpide, moins cependant par goûts romanesques que pour des objets utilitaires. Il part d’un vol rapide, file le long des contours des ruisseaux en rasant la surface de l’eau, puis il va se poser sur une pierre ou une branche sèche qui s’avance au-dessus du courant ; de cette station, son œil pénétrant ira chercher le poisson qui se joue sous la vague ; puis rapide comme la pensée, il fond sur sa proie et revient à sa branche sèche, pour l’y déguster à loisir. Son cri accentué et désagréable ressemble au grincement du Trictrac, que les gendarmes portent dans certaines villes. Son vol est parfaitement onduleux.

Où trouver en Canada un petit lac, une rivière, une écluse de moulin, où ne séjourne au moins un couple de Martin-Pêcheurs ? Les œufs sont au nombre de cinq, d’un blanc très pur ; rien moins que des affronts réitérés ne sauraient leur faire déserter le nid. Wilson nous apprend qu’une personne de sa connaissance ayant enlevé les œufs d’un Martin-Pêcheur, à l’exception d’un seul, le couple continua à pondre ; que finalement dix-huit œufs furent enlevés de cette manière du même nid. Le Martin-Pêcheur se creuse un trou (qu’il occupe pendant plusieurs années successives) dans la rive d’un ruisseau à une profondeur de quatre à cinq pieds ; c’est là qu’il place sa couche nuptiale. Il ne la suspend plus sur les flots tel que les poëtes, grands menteurs, ont tenté de nous le persuader, pendant ces jours de calme tant vantés par l’an-

  1. No. 121. — Ceryle Alcyon. — Baird.
    Alcedo Alcyon.Audubon.