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usage de leurs ailes. Ces oiseaux rasent la terre, et cherchent ces insectes sur les tiges des plantes, sur l’herbe des prairies, et jusque sur le pavé de nos rues ; ils rasent aussi les eaux, et s’y plongent quelquefois à demi, en poursuivant les insectes aquatiques, et, dans les grandes disettes, ils vont disputer aux araignées leur proie jusqu’au milieu de leurs toiles, et finissent par les dévorer elles-mêmes. On trouve dans leur estomac des débris de mouches, de Cigales, de Scarabées, de Papillons et même de petites pierres, ce qui prouve qu’ils ne prennent pas toujours les insectes en volant, et qu’ils les saisissent quelquefois étant posés. »

On pense, dans tous les pays, que les Hirondelles sont amies de l’Homme, ou du moins qu’elles recherchent les lieux habités par lui, et paraissent se complaire dans sa société. Il serait plus juste de voir en elles des commensales intéressées, poursuivant les insectes qui abondent partout où beaucoup d’animaux sont rassemblées, et fréquentant le littoral de nos fleuves parce qu’elles y trouvent un rafraîchissement et une pâture. Quoiqu’il en soit, leur utilité n’est pas douteuse : elles purgent l’air de myriades d’insectes nuisibles ou importuns, et leur vigilance à signaler l’approche des oiseaux rapaces est une sauvegarde pour les Gallinacés domestiques. Aussi sont-elles respectées et même protégées dans beaucoup de contrées de l’Europe ; et, dans le Nouveau-Monde, l’homme les invite à venir habiter près de lui, en perçant exprès pour elles, autour de sa maison, des trous qui leur offrent un asile assuré.

La sociabilité de ces oiseaux donne lieu à des observations du plus haut intérêt. Dès qu’un ennemi menace l’un d’eux ou ses petits, l’Hirondelle pousse des cris aigus, et aussitôt arrivent toutes les Hirondelles du voisinage, qui harcèlent de concert l’animal dont on redoute l’attaque. On a vu des Hirondelles se réunir en bandes nombreuses devant un de leurs nids, dont venait de s’emparer un Moineau, en murer l’ouverture avec du mortier, et condamner ainsi l’usurpateur au supplice d’Ugolin.