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des peuples anciens et modernes, et fourni à plus d’un poëte d’heureuses inspirations. Voici la brillante description du vol de l’Hirondelle, par Monbeillard, digne collaborateur et souvent rival heureux de Buffon ! « Le vol est son état naturel, je dirais presque, son état nécessaire ; elle mange en volant, elle boit en volant, se baigne en volant, et, quelquefois, donne à manger à ses petits en volant. Sa marche est peut-être moins rapide que celle du Faucon, mais elle est plus facile et plus libre ; l’un se précipite avec effort ; l’autre coule dans l’air avec aisance : elle sent que l’air est son domaine ; elle en parcourt toutes les dimensions, et dans tous les sens, comme pour en jouir dans tous les détails, et le plaisir de cette jouissance se marque par de petits cris de gaîté. Tantôt elle donne la chasse aux insectes voltigeants, et suit avec une agilité souple leur trace oblique et tortueuse, ou bien quitte l’un pour courir à l’autre, et happe en passant un troisième ; tantôt elle rase légèrement la surface de la terre et des eaux, pour saisir ceux que la pluie ou la fraîcheur y rassemble ; tantôt elle échappe elle-même à l’impétuosité de l’Oiseau de Proie par la flexibilité preste de ses mouvements : toujours maîtresse de son vol, dans sa plus grande vitesse, elle en change à tout instant la direction ; elle semble décrire, au milieu des airs, un dédale mobile et fugitif, dont les routes se croisent, s’entrelacent, se fuient, se rapprochent, se heurtent, se roulent, montent, descendent, se perdent et reparaissent pour se croiser, se rebrouiller encore en mille manières, et dont le plan, trop compliqué pour être représenté aux yeux par l’art du dessin, peut à peine être indiqué à l’imagination par le pinceau de la parole. »

« Les Hirondelles vivent d’insectes ailés, qu’elles happent en volant ; mais, comme ces insectes ont le vol plus ou moins élevé, selon qu’il fait plus ou moins chaud, il arrive que le froid ou la pluie les rabat près de terre, et les empêche même de faire