Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

joie ils faisaient éclater ! Je croyais voir, dans leur expression la plus naïve, les angoisses d’une pauvre mère qui craint de perdre son fils atteint d’une maladie dangereuse, et le bonheur de cette mère quand le médecin vient annoncer que la crise est passée et que l’enfant est sauvé. Le nid du Rubis est de la texture la plus délicate ; la partie extérieure est formée d’un lichen gris, et semble faire partie intégrante de la branche, comme une excroissance développée par accident. La partie attenante consiste en substances cotonneuses, et le fond en fibres soyeuses, obtenues de différentes plantes. Contre l’axiome qui dit que le nombre d’œufs est en rapport avec la petitesse de l’espèce, la femelle ne dépose dans son berceau confortable que deux œufs d’un blanc pur. Dix jours sont nécessaires pour les faire éclore, et l’oiseau élève deux couvées dans la même saison. Au bout d’une semaine, les petits peuvent voler, mais ils sont encore nourris par leurs parents pendant près d’une autre semaine : ils reçoivent leur nourriture directement du bec des vieux, qui la leur dégorgent comme des Pigeons ; puis quand ils sont en état de se pourvoir eux-mêmes, les petits s’associent à d’autres nouvelles couvées, et font leur migration à part des vieux oiseaux. Ils n’ont qu’au printemps suivant leur coloris complet, quoique déjà la gorge du mâle soit fortement imprégnée de rubis, avant la migration d’automne.

« Ces oiseaux affectionnent surtout les fleurs dont la corolle est tubuleuse, telles que le Datura stramonium, le Bignonia radicans et le Chèvre-feuille, non pas seulement pour étancher leur soif en pompant le nectar qu’elles renferment, mais surtout pour se nourrir des petits Coléoptères et des Mouches que ce nectar attire. Ils sont peu farouches, ne fuient pas l’homme, et entrent même dans les appartements où se trouvent des fleurs fraîches ; ils abondent surtout dans la Louisiane. On les prend en les tirant avec un fusil chargé d’eau, pour ménager leurs plumes ; ou mieux encore en employant un filet à Papillons. »