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provinces septentrionales de l’Union (et en Canada) s’avançant avec les beaux jours, et se retirant prudemment aux approches de l’automne.

« Que de plaisirs n’ai-je pas éprouvés à étudier les mœurs, et à suivre la vive expression des sentiments d’un couple de ces créatures célestes pendant la saison des œufs ! Le mâle étale son riche poitrail pour en faire reluire les écailles, pirouette sur une aile, et tournoie autour de sa douce compagne ; puis se jette sur une fleur épanouie, charge son bec de butin, et vient déposer dans le bec de son amie l’insecte et le miel qu’il a recueillis pour elle… Lorsque ses attentions délicates sont accueillies, son allure est vive et peint le bonheur, et tandis que la femelle se régale des mets qu’il lui a présentés, il l’évente avec ses ailes. Quand la ponte approche, le mâle redouble de soins et manifeste son dévouement par un courage supérieur à ses forces : il ne craint pas de donner la chasse à l’Oiseau-Bleu et au Martin ; il ose même se mesurer avec le Gobe-Mouche tyran (le Titiri), et, tout fier de son audace il retourne vers sa compagne en agitant joyeusement ses ailes résonnantes… Chacun peut comprendre, mais nul ne peut exprimer par des paroles, ces témoignages de tendresse courageuse et fidèle, que le mâle, si débile en apparence, donne à la femelle, pour justifier sa confiance et la sécurité qu’elle devra conserver sur le nid où va bientôt la retenir l’amour maternel.

« Dans le nid de cet Oiseau-Mouche, que de fois j’ai jeté un regard furtif sur sa progéniture nouvellement éclose, deux petits, gros comme une Abeille, nus, aveugles et débiles, pouvant à peine soulever le bec pour recevoir leur nourriture ; mais combien d’alarmes douloureuses ma présence faisait éprouver au père et à la mère ! Ils rasaient d’un vol inquiet mon visage, descendaient sur le rameau le plus voisin, remontaient, volaient à droite, à gauche, et attendaient avec anxiété le résultat de ma visite ; puis, dès qu’ils s’étaient assurés que ma curiosité était inoffensive, quels transports de