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rongeur qu’il convoite. Dans ces occurrences, vous pouvez marcher jusqu’à deux pas de l’arbre, sans qu’il s’occupe de vous. Wilson dit qu’il l’a vu passer deux heures ainsi employé sur le même arbre.

Le Pic Minulle est sédentaire en Canada ; comme on l’a dit précédemment, il trouve sa nourriture quotidienne dans les plantations d’arbres fruitiers, où les pommiers n’échappent que rarement à son soigneux examen. Il n’a qu’une seule note, qu’il fait entendre quand il s’envole d’un arbre à un autre. D’aucuns sont portés à croire que les trous qu’il fait aux pommiers, loin de leur nuire, servent au contraire à les rendre plus fructueux. Wilson est de cette opinion et regarde la tribu entière des Pics comme un bienfait de la Providence, qui pourvoit de cette manière à ce que les arbres des jardins et de la forêt soient débarrassés des parasites nuisibles qui s’y attachent. Ils citent de vieux pommiers dont le tronc était perforé en mille endroits, et dont les rameaux se courbaient jusqu’à terre sous le poids du fruit. Dimensions, 6 × 12.

C’est en vain que des naturalistes européens, Buffon en tête, ont essayé de vilipender ces nobles oiseaux, ces héros pacifiques du travail ; ils ont trouvé d’éloquents défenseurs dans Wilson, Michelet et autres. Wilson en particulier a fait table rase de tous ces préjugés vermoulus. Il a su combattre victorieusement cet esprit erroné de système qui allait à démontrer que les oiseaux du nouveau monde étaient en tous points inférieurs à ceux de l’ancien.

Voyons comment un éloquent contemporain résume l’existence du Pic :

« Le travail, dit-il, l’a pris tellement qu’aucune rivalité ne le conduit à la guerre. Il l’absorbe, exige de lui tout l’effort de ses facultés.

« Travail varié et compliqué. D’abord l’excellent forestier, plein de tact et d’expérience, éprouve son arbre au marteau, je veux dire au bec. Il ausculte comment résonne cet arbre, ce qu’il dit, ce qu’il a en lui. Le procédé d’auscultation, si récent en mé-