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LES RUES DE QUÉBEC.

rival de Montcalm réclame tout un quartier de la ville. Est-ce que l’amoureux jeune capitaine de l’Albemarle, Nelson, allait flirter avec la séduisante Dlle Prentice, en 1782, dans la rue qui porte maintenant son nom ? Plusieurs rues dans les faubourgs Saint-Louis, Saint-Jean et Saint-Roch portent les noms des éminents citoyens, qui en donnèrent le site, ou qui, par leur esprit public, ont laissé une mémoire aimée parmi le peuple : MM. Berthelot d’Artigny, Grey Stewart, T. C. Lee, Buteau, Finlay, Hudon, Smith, Salaberry, Scott, Tourangeau, Pozer, Panet, Bell, Robitaille, Ryland, Saint-Ours. La largeur de la plupart des rues de la ville varie de trente à quarante pieds ; la rue la plus spacieuse est la rue de La Couronne[1]. Les propriétaires ont droit à toutes nos félicitations pour les beaux arbres qu’ils y ont fait planter.

Québec comprend une dizaine de fiefs. Le Fief du Sault-au-Matelot appartient au Séminaire. Les Ursulines, la Fabrique, les héritiers Larue, l’Hôtel-Dieu, les Récollets, tous avaient leurs fiefs. La Fabrique possède un fief, en outre du Fief du Cap-aux-Diamants ; le Fief de la Miséricorde appartient à l’Hôtel-Dieu. Les héritiers Larue possèdent le fief de Bécancourt et celui de Villeraye. Il y a aussi le Fief Sasseville. Le fief des Récollets appartient maintenant à la Couronne.

Saint-Roch doit une dette de reconnaissance à Mgr de St. Vallier, qui a laissé son nom à la rue qu’il côtoya si souvent dans ses visites à l’Hôpital-Général, où il alla clore sa laborieuse carrière. Monseigneur paraît avoir eu des prédilections particulières pour cette localité. Il avait fondé cet hospice à ses frais : il en fit son séjour pour ne pas payer un chapelain, et pour louer son évêché à l’Intendant : c’était le troisième hospice que le prélat avait fondé et doté. Puis, vint l’intendant De Meulles qui, vers 1684, dota la pointe Est du quartier d’un édifice remarquable par ses dimensions, sa magnificence, ses jardins ornés, — le Palais de l’Intendant

  1. La rue Saint-Jean est large de 36 pieds intra muros, et de 46 pieds extra muros, en conséquence d’une donation de 10 pieds de terrain, après le grand incendie de 1845.

    Histoire de la Colonie Française en Canada. Vol. II, p. 345. Le Tome II, p. 474, contient le texte de quelques-uns de ces curieux documents.