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tout être créé, pour se procurer les aliments nécessaires à ses besoins.

L’ouï subtil du renard lui permet de recueillir le moindre bruit, le faible cri du mulot grugeant au sein de ses galeries glacées, bien que ce bruit échappe à l’oreille de l’homme.

De suite, il se met à l’œuvre, gratte la couche de neige avec ses fortes pattes et aura bientôt gobé l’infortuné mulot, sa femme et ses enfants.

Le renard a pour habitude, chaque jour en hiver, de consacrer au sommeil quelques heures dans la matinée ; il fait la sieste sur le sommet d’un amas de neige, ou au haut d’un rocher : il lui faut un poste élevé d’où il pourra apercevoir l’ennemi de loin. Il ne s’endort pas d’un lourd sommeil comme un vieux rentier alourdi par la bonne chère ; il se couche tout doucement, ferme l’œil un peu ; puis, se lève, se dresse sur ses pieds, jette autour de lui un regard inquiet, scrutateur, renifle l’air ; on dirait qu’il n’a pas la conscience nette. Une fois réassuré, il se creuse un lit dans la neige ; enveloppé dans son soyeux manteau, il se blottit en rond à la manière des chats, s’abrite la tête et le corps de sa queue touffue, s’endort au soleil ; mais il a soin de se tenir le museau du côté d’où vient le vent, afin de flairer l’approche d’un ennemi quelconque : si la tempête gronde, il établira sa couche au pied d’un buisson feuillu, on sous un rocher découvert, d’où son regard pourra se prolonger au loin et dans son sommeil, il rêvera sans doute qu’il croque de grasses volailles, de tendres levrauts, des perdrix succulentes.

Voici comment on le capture : le chasseur monté sur des raquettes, recouvre ses habits d’un capot de coton blanc ; couvre-chef et pantalon, de même nuance. Le costume en entier doit rivaliser avec la neige en blancheur ; pas de contrastes.