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On le croit sujet à la rage. L’histoire nous en fournit un mémorable exemple, dans la mort, le 28 août 1819, à Richmond, Ontario, au milieu d’atroces souffrances d’un de nos vice-rois, le duc de Richmond, mordu à Sorel, la semaine précédente par un renard, en apparence doux, et domestique.

Notre renard canadien, fort ressemblant au renard de la Grande-Bretagne, lui est un peu supérieur par la taille. Il a le museau moins long, plus pointu, moins d’espace au front, entre les yeux, les pieds plus feutrés, les oreilles moins longues, la queue plus touffue, le pelage plus fourni et d’une couleur plus vive.

Notre renard excelle à pourchasser les mulots et les rats des champs. On l’a vu traquer nos perdrix dans les taillis, avec les allures vives, mais mesurées d’un pointer ardent, chassant les bécasses.

On raconte mille tours d’adresse de sa part, pour dépister le chasseur et ses chiens, grimpant sur les clôtures, courant le long des pagés, quelques mètres ; puis, bondissant à douze pieds, pour faire perdre aux chiens le flair de ses traces.

On sait aussi son merveilleux manège pour leurrer, à terre, les canards sauvages, du sein des lacs, courant sur la berge, agitant au vent sa queue soyeuse, excitant en un mot par ce spectacle insolite la curiosité des palmipèdes qui, le cou tendu, nagent jusqu’au bord. Alors la bête scélérate se recueille ; d’un bond, elle saisit le malencontreux volatile, qui atterrira le premier.