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rivée de la race blanche, qu’il supplanta le petit renard gris, indigène au sud de l’Amérique :[1]

La femelle porte de soixante à soixante-cinq jours : les petits naissent aveugles, couverts de poil comme de jeunes chiens.

Le renard, pris au nid, est docile, espiègle et plaît par ses gambades et ses cabrioles. Plus âgé, il se montre méchant, sournois, irritable, intraitable, insensible aux meilleurs traitements. À l’âge de trois ou de quatre mois, il abandonnera le terrier : il ira, chasseur déjà expert, seul et pour son compte, explorer la forêt.

Son habilité à capturer de petits rongeurs est remarquable. En bien des endroits, les mulots, sont de vrais fléaux pour les arbres fruitiers : aux endroits, surtout, d’où les renards ont disparu. Vers la fin de mars, les mulots se creusent mille sentiers sous la neige : grugent l’écorce des jeunes pommiers, des jeunes érables par centaine : l’arbre s’étiole d’abord, et meurt la seconde année. Les propriétaires d’outardes à l’Île-aux-Grues détruisirent le dernier renard de l’île, il y a une cinquantaine d’années : les outardes y vivent en toute sécurité maintenant : mais les mulots se sont multipliés, au point qu’il est difficile de protéger les arbres fruitiers et les plantations d’érables contre leur dent destructive.

M. Rowland E. Robinson, chasseur distingué aux États-Unis, relate de singulières choses, sur l’empire que les vieilles femelles de renard, ayant des jeunes à protéger exercent sur le chien de chasse qui ose les poursuivre : le chien est poliment éconduit du bois, selon cet écrivain, par madame, qui le poursuit de loin en aboyant. (Sport with Rod and Gun, by Mayer, p.p. 74-83).

  1. Frank Forester Fugitive Sporting Sketches, 1879, p. 120.
    Parker Gillmore, Prairie and Forest, 1874, p. 184.