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Une escouade d’alertes chasseurs, bien montés, se donnent rendez-vous, suivis de leur meute bruyante et de leurs rabatteurs expérimentés (Drivers) dans une clairière, à l’orée d’un grand bois fréquenté par les chevreuils. Le cor de chasse réveille les échos d’alentour, les chiens bondissent, hurlent de joie. On fait halte : chacun de descendre de son cheval, qu’il attache à un arbre. Le chasseur prend son poste en silence, à l’endroit qui lui est indiqué, masqué par un arbre ou par l’angle d’un rocher. Les chevreuils ont pour habitude, de père en fils, de suivre dans la forêt les sentiers connus ; alarmés par les rabatteurs et les chiens, ils prennent la course. S’ils s’écartent un peu de la voie, les rabatteurs les y ramènent ; de cette sorte, ils tombent devant les balles des chasseurs, de faciles victimes. Les rabatteurs leur donnent le coup de grâce, les dépècent. On sonne du cor de chasse. On repart : un copieux repas clora la journée. Ajoutez au spectacle, la présence de belles dames et l’on croirait revoir presque les chasses de jadis aux forêts de Fontainebleau : le royal amant de la blanche Diane de Poitiers, et sa brillante cour, escortant, au son du cor, sa belle maîtresse.

Il passe, il passe, le clairon du roi, mes dames.
Il passe, il passe, le clairon du roi joli.