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— Rien qu’un chevreuil, dites-vous ?

— Mais où donc est-il ?

— Oh ! il a fait quelques bonds ; on le trouvera bientôt couché au sein d’un fouillis d’épinettes ou de vinaigriers ; car, il a dû être frappé au cœur. On le trouve en effet. Alors, le trappeur tire son long couteau de sa gaine, lui ouvre la jugulaire, lui lève la peau, dépèce la carcasse, se réserve les jambons et laisse le reste aux bêtes fauves et aux oiseaux de proie.

Si la température eut été plus chaude, le trappeur aurait exploré le versant ombragé des collines.

Si c’eut été au printemps, il fut allé guetter le gibier, dans quelque savane, ou près des bords d’un lac solitaire, où le chevreuil a habitude de se réfugier dans l’onde, pour se soustraire aux piqûres des moustiques.

À la saison des grands froids, le trappeur explorera les vallées humides où l’animal va brouter les mousses et les lichens qui enlacent le tronc des arbres. Puis, il vous indiquera l’endroit où le chevreuil se sera frotté aux branches, pour enlever l’enveloppe veloutée de sa ramure, le lieu, où il se sera arrêté pour gratter le sol de son pied ; ou bien, il vous signalera un arbre que l’animal aura dégarni des fruits de la saison précédente.

Il pourra, au besoin, vous dire comme il sait imiter au printemps, le bêlement de la mère, quand il désire faire venir à lui ses faons, ou comment il s’y est pris pour attirer à portée de fusil, le reste de la bande, en exposant dans les hautes herbes la tête d’un chevreuil.

Je n’ai qu’une faible admiration pour cet infatigable chasseur, qui menace, avec le temps, de dépeupler nos forêts de leurs hôtes les plus intéressants.

2o La chasse au chevreuil au flambeau — Fire light