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et les égorge comme des animaux de basse-cour amenés à l’abattoir ; ceci s’appelle une boucherie, dans les goûts de l’Indien dégradé ; ce n’est pas la chasse : le noble art de la vénerie. Ces massacres, au moment où la mère va mettre bas, la loi les punit sans miséricorde. La chasse au chevreuil se fait d’ordinaire aux premières neiges ; pour celui qui est muni d’une bonne carabine et de muscles d’acier, c’est un amusement plein d’attraits.

Un instinct inexplicable pousse le chevreuil à regarder fixement un flambeau pendant la nuit : sa curiosité le con-


    chevreuils sont fort nombreux depuis une couple d’années dans les forêts vis-à-vis les comtés de l’Islet, Montmagny et Bellechasse. Ils se tiennent ordinairement par troupeaux et séjournent plusieurs jours au même ravage. Le chevreuil a environ trois pied de haut à la croupe ; il est d’un gris cendré. Il a de grandes oreilles, un mufle effilé, de grands yeux intelligents et naïfs — ; le mâle à une ramure ou panache.

    Il a les jambes semblables à celles d’une bête à cornes, avec cette différence que la corne du pied est noire et très-coupante ; comme l’orignal. il se défend avec ses pieds de devant.

    « Il tient à la fois de la chèvre et du mouton ; ce qui explique les visites que les chevreuils font quelquefois aux bergeries. Le chevreuil est un ruminant et crotte absolument comme le mouton. Cette année on a pris dans les enviions de Montmagny une dizaine de chevreuils en vie : on en a tué une quarantaine. Deux caribous ont été capturés vivants et six tués.

    « Pour les capturer, on choisit une journée où la neige est bonne pour la raquette, et on les lance de leur ravage ; les six pieds que nous avons cet hiver, il n’est pas nécessaire de les poursuivre longtemps avant de les rejoindre ; notre chevreuil, a été pris par Charles Gosselin vers le 25 janvier 1887 : c’est un mâle ».

    M. Eugène Renault, l’ancien rédacteur du Courrier du Canada, fixé à St-Thomas, depuis nombre d’années, a gardé dans son étable, plusieurs chevreuils ; ces gracieux ruminants sont devenus fort dociles : une femelle morte récemment suivait les enfants de la maison, comme un chien. On la nourrissait au foin, au jonc, à l’avoine, aux patates, aux navets ; elle aimait surtout le pain et faisait grand cas du pain de savoie. Deux chevreuils ont été tués à Valcartier, cet hiver par un jeune M. Crawford de l’endroit, les premiers, croyons-nous, tirés sur la rive nord du St-Laurent depuis longtemps. — Courrier du Canada, 21 mars 1887.