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à cette saison, protection contre les moustiques dans l’eau des lacs, pendant la nuit.

Le chevreuil fréquente soir et matin, même pendant la nuit, pour s’abreuver, les sources d’eau vive et certaines salines minérales. Un jeune chasseur grimpera dans un arbre avoisinant, et, avec sa carabine, il logera une balle meurtrière dans les flancs du timide animal, lequel entendra le coup de fusil avant de voir son ennemi.

En octobre, en novembre et en décembre, les chevreuils parcourent avec impétuosité les sentiers de la forêt. Les mâles se livrent à cette saison, avec leurs pieds et leurs cornes, des combats furieux. Leurs bois alors quelquefois s’enlacent au point qu’ils ne peuvent se séparer ; en ces occasions, ils succomberont de faim ou seront dévorés par les animaux carnassiers : le naturaliste Say atteste le fait pour l’avoir vu de ses yeux[1].

C’est en automne qu’ils sont le plus gras, mais les mâles deviennent maigres en décembre, tandis, que les femelles conservent leur graisse jusqu’au milieu de l’hiver ; au printemps, les chevreuils sont maigres et faibles. Il est facile de les découvrir avec des chiens, dans leur ravage, à cette saison. Une fois poursuivis, ils s’élancent, se blessent et s’épuisent dans les épaisses couches de neige et dans le verglas[2]. Le chasseur les rejoint ; les poignarde

  1. On lit dans le Courrier d’Outaouais de novembre 1871 :

    « La semaine dernière, un chasseur de Gloucester, du nom de Paul Havreau, était dans le bois à la recherche de cerfs qu’il ne trouvait pas, quand, à sa grande surprise, en avançant, il trouva en son chemin deux chevreuils bien joints et liés par leurs bois et andouillers, l’un d’eux était mort et l’autre mourant. Le terrain autour démontrait que la lutte avait été désespérée entre les deux animaux, qui tous deux étaient pesants, forts et puissants. Le chasseur eut peu de trouble à trancher la difficulté entre les combattants, en tranchant la tête du survivant. »

  2. M. Raoul Renault de Montmagny, nous écrit :

    « Il n’y a que deux ou trois ans que nous avons le chevreuil ici. Les