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Mais le chasseur dans la neige profonde a l’avantage de ses raquettes ? La nature n’a-t-elle donc pas donné à l’agile roi des bois, des raquettes bien plus commodes, plus durables, de larges sabots, fendus et sonores ? Pour lui, c’est un jeu que d’effleurer la couche de neige épaisse où le colossal original s’enfonce péniblement à chaque pas jusqu’à l’épaule ; où le chevreuil s’épuise en vains efforts et tombe, avec le râle de la mort, implorant merci de l’inexorable chasseur qui lui plonge le couteau dans la gorge.

Le caribou des bois, c’est une légère nacelle, voguant au sein des océans glacés du Canada : rapide comme l’ouragan qui saisit à la chevelure les grands pins et courbe le front des chênes : infatigable, comme cet autre navire qui sillonne les sables du Sahara, sous l’haleine du terrible Simoon, le chameau du désert, la providence de l’Arabe.

Les pas de l’homme ne sauraient l’atteindre, le suivit-il chaque jour, chaque nuit, toute une semaine, un mois entier ! Une nouvelle tombée de neige effacera toute trace du fuyard et le chasseur, de guerre-lasse, aura réalisé

    caribous, dont il est l’ennemi mortel ; néanmoins, comme il ne se montre rarement au grand jour, il doit préparer ses embûches la nuit. Près des frontières, au sud de Québec, le Daim de Virginie, connu ici sous le nom de chevreuil, se voit assez souvent. On en rencontre des individus isolés, au nord de Québec, mais ils appartenaient au Haut-Canada. Le carcajou n’attaque pas l’orignal, mais il se cramponnera au dos du caribou, lui ouvrira la jugulaire avec ses dents, et tiendra bon jusqu’à ce que l’animal tombe épuisé par la course et la perte du sang. Je n’ai jamais ouï-dire qu’aucun carcajou ait été vu au sud du Saint-Laurent. Je pense qu’il vient du nord, à la suite du Caribou des Champs (T. arcticus). Je ne crois pas que cette variété de caribou pénètre au sud du Saint-Laurent, comme il ne vient pas de belles cornes de cette localité.

    « Il se voit un bon nombre de caribous (des Bois), dans les environs de la voie ferrée de Québec à Richmond, et aussi vers Rimouski. On abat de 30 40 à caribous chaque année et 60 orignaux, dans les environs de Québec. »

    « (Signé),
    W. Rhodes.

    « Benmore, Sillery, 4 février 1872. »