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européenne est facile à apprivoiser : tandis que son congénère du Canada, est toute férocité, sauvagerie, agilité et vigueur. L’Indien par sa sagacité, son instinct forestier, peut seul lutter avec lui. Encore doit-il marcher à sa rencontre sous le vent, car à deux milles de distance en sens opposé, le flair du rusé caribou lui découvre un ennemi. Une fois relancé, autant essayer suivre les vents.

    de M. Sewell devint plut tard la propriété du « roi des chasseurs » de la côte nord, Olivier Cauchon.

    « Quant aux cariboux, nous en connaissons deux variétés autour de

    Québec : l’un le Caribou des Bois (Tarandus Hastilis) ; l’autre le Caribou des Champs (Tarandus arcticus.) Le caribou des bois, est un cerf d’une plus forte taille, d’une couleur plus foncée que l’autre. Son bois est néanmoins plus petit. Il voyage par petites bandes de cinq ou de six, tandis que le Caribou des Champs, va par troupes de vingt à trois cents individus. La grosse bande proprement dite est rarement moindre que cent. Les auteurs ont beaucoup écrit sur l’agilité du caribou qui effleure, sans enfoncer, la surface de la neige avec la rapidité du vent. Pour moi, j’en ai vu s’enfoncer dans la neige jusqu’au col, mais lorsque la neige est molle à ce point, le chasseur enfonce encore plus que le caribou, de sorte que l’animal a généralement l’avantage. Les plus grosses cornes exposées en vente, à Québec, viennent de Terre-Neuve. Le plus grand nombre de caribous que j’ai vus abattus en un jour de chasse est de cinq ; et de vingt, dans une partie de chasse qui dura trois semaines. Le chasseur d’orignal qui abat une pièce par jour se croit heureux. Le caribou ne me semble pas plus sauvage qu’aucune autre bête des bois. Il existe en plus grand nombre parce qu’on ne réussit pas à l’atteindre en le poursuivant en raquettes comme c’est le cas pour l’orignal et le chevreuil. Les paysans parviennent néanmoins à le rejoindre après une course de deux ou trois jours ; ils le prennent aussi au lacet : la carcasse se vend $5 chaque saison. La capture du caribou, est à l’amateur ce que celle du saumon l’est au pêcheur à la mouche ; une lutte d’adresse et de fatigue physique. Les Indiens, armés de fusils inférieurs, sont peu heureux dans leur chasse au caribou ; d’ailleurs

    l’animal, mort, ne leur fournit qu’un mince repas de viande maigre, et sa peau, du cuir pour une seule paire de raquettes, au plus.

    « Le Caribou des Champs, a le pelage moins foncé, que celui du Caribou des Bois : son mufle, est plus recourbé, il a plus la forme d’un nez romain. Il égale presque ce dernier par le poids. Le carcajou (Gulo), est toujours aux aguets dans les champs, où broutent des bandes de