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tapissée de mousse que l’un de nos Indiens avait placée à côté de nous. La vie de ces pauvres poissons ne se prolongeait pas au delà de cinq minutes. Après cinq ou six coups de queue et autant de frétillements, leur corps se roidissait et une couche de glace recouvrait leurs fines écailles. Aussi lorsque nous rentrâmes à la cabane et que l’on tira du panier, les truites qui s’y trouvaient entassées, on aurait juré que c’était du poisson salé et encaqué depuis longtemps.

« Tandis que le capitaine et moi nous péchions dans la rivière, les Peaux-Rouges avaient coupé la provision de bois nécessaire aux besoins de notre foyer, et nous les trouvâmes qui empilaient avec ordre les blocs fendus et coupés de même longueur, sur l’un des côtés de l’orifice de la hutte. Au-dessus du feu, suspendue à la toiture à l’aide d’une corde tissée de lianes flexibles, bouillait une grande marmite remplie jusqu’au bord de porc salé, de pois et de biscuit. Au-dessous, sur un lit de braise, l’on entendait chanter une bouilloire pleine de thé dont les suaves émanations arrivaient jusqu’à nous par bouffées intermittentes. L’intérieur de la cabane était parfaitement chauffé et grâce à nos manteaux étendus le long des parois, nous ne ressentions aucune des atteintes de la glaciale température de l’extérieur. Nos Indiens avaient fabriqué des torches à l’aide de lanières d’écorce de bouleau roulées et assujetties entre les fentes de deux bâtons fichés dans une des murailles de neige et cette lueur indécise ajoutait au pittoresque de notre situation quasi confortable.

« Un grand sac de cuir nous servait de coffre-fort, c’est là que nous nous empressâmes de renfermer notre argent, nos montres et notre provision d’eau-de-vie, afin de ne point tenter la cupidité de nos guides.