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seur. La femelle donne beaucoup de lait ; les jeunes croissent avec une grande rapidité, pendant les trois premières années de leur vie. Doué d’une force prodigieuse, l’orignal endure de grandes fatigues ; à peine cependant, atteint-il l’âge de vingt ans, rarement même celui de quinze ans.

Ils ont une oreille fine ; un singulier instinct les porte la nuit à suivre et même à attaquer une personne qui porterait un flambeau. On les apprivoise et on les attèle à la voiture[1] d’hiver ; mais il faut se garder de les insulter ou de les maltraiter, car ils sont vindicatifs. Le printemps, ils descendront dans le voisinage des lacs, pour brouter dans l’eau jusqu’au col, certaines algues marines, sous la surface de l’onde. Pendant et avant la canicule, ils s’aventureront dans les lacs, presqu’à fleur d’eau, pour se protéger

  1. UNE ANCIENNE CONNAISSANCE.

    « On écrit de Portland, Me., qu’un nommé P. Leroyer, ci-devant de Shanlay, lac Mégantic, et possédant une jolie petite fortune en espèces sonnantes, vit dans les bois de Moosehead Lake, à quarante milles de toute habitation humaine, en compagnie d’une indienne qu’il a épousée, il y a quelques années. Leroyer est, dit-on le type le plus original qu’on puisse imaginer et l’année dernière il a causé une véritable sensation en se montrant à la foire de l’État du Maine, dans une voiture traînée par un élan. Originaire d’Europe, Leroyer appartient à une bonne famille qui l’a élevé avec grand soin : mais l’enfant semblait être né un misanthrope ; il avait horreur du monde civilisé et un bon jour, il s’en est venu en Amérique, et est allé s’établir aussitôt au milieu des forêts presque impénétrables du Maine. C’est là qu’il s’est construit lui-même une mauvaise hutte où il demeure depuis des années avec sa squaw qu’il a épousée, vivant de chasse et de pêche, mais surtout de la chasse des animaux à fourrure. De temps à autre, il fait avec son élan une excursion dans les villes voisines, où son attelage

    étrange, son costume de peaux, sa longue chevelure et ses allures singulières ne manquent jamais de faire sensation.

    Ayant appris, l’an dernier, qu’il avait hérité d’une certaine fortune dans son pays natal, Leroyer a mis son élan en gage pour une somme de $260 et, avec cet argent, il est allé recueillir la succession qui lui était échue et qui ne s’élève guère à moins de $30,000. Mais il n’a pas été plus tôt mis en possession de sa fortune que le misanthrope par goût