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thor of The Sportsman in France, 2 Volumes, London — 1845.

Je dois à l’obligeance de M. Fairchild la connaissance de ces rarissimes volumes, sur le sport en Canada.

La garnison de notre bonne ville, il y a de cela soixante-onze ans, comptait parmi son personnel, un jovial et fringant jeune officier : le jouvenceau se nommait Frederick Tolfrey ; il n’avait que vingt et un ans. Né, en Angleterre, en 1795, d’une famille bien posée dans la société, on l’avait expédié au Canada avec une commission d’officier en poche, pour l’arracher à une hymenée qui n’était pas du goût de ses bons parents. Un vaisseau de guerre, un transport, nommé la Lune, devait faire route pour Québec, pendant l’automne de 1815. Tolfrey y fut embarqué ; un contre-ordre de son père lui fit quitter ce vaisseau, au moment du départ. Il fut envoyé à Caën, en France, pour y étudier la langue française. La providence veillait sur lui. La Lune, en remontant le fleuve St-Laurent, obstrué de glaces en décembre, fit côte sur une île à dix lieues d’Anticosti, et de tous les passagers et de l’équipage, il ne se sauva qu’un seul individu, qui faillit mourir de la misère qu’il endura.

Débarqué à Québec, pendant l’été de 1816, M. Tolfrey se rendit fort populaire par ses manières franches et enjouées ; sa naissance, son éducation, son amour des réunions sociales, lui eurent bientôt assuré une entrée dans les meilleurs cercles.

Il combinait avec sa passion pour la chasse, la pêche, l’équitation, un goût prononcé pour le théâtre. Comme les acteurs de profession étaient rares à Québec, en 1816 M. Tolfrey, secondé par les officiers supérieurs de la garnison, tel que le colonel (plus tard le général) Cockburn, le colonel Durnford, du Génie ; plus tard, les lords William et Frederick Lennox, fils du duc de Richmond, gouver-