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assez grossière. Le fusil-à-pierre de 1630, se maintint près de deux siècles. Vers 1826, on lui substitua le fusil à percussion : le colonel Hawker, sportsman distingué, se targua d’avoir suggéré, en 1818, au fameux armurier anglais, Joseph Manton, l’idée de la capsule fulminante. Manton l’eut bientôt fait adopter en sa patrie : puis, les armuriers des deux bords de la Manche, de se creuser le cerveau pour découvrir et faire accepter, chacun son système particulier de charger et d’amorcer.

Enfin, en 1836, l’ingénieux M. Lefaucheux, de Paris, inventa sa célèbre cartouche à brochette, qu’il adapta au fusil à culasse mobile, déjà connu, au lieu de la charge ordinaire et des capsules. Son compatriote, M. Beringer, se fit fort d’améliorer le système d’amorce de la brochette-Lefaucheux : ce dernier lui intenta procès, pour empiètement sur son brevet. Plus tard, vint la cartouche de cuivre, au lieu de la cartouche de feutre. Le fusil Lefaucheux, après avoir subi avec succès plus de dix années d’expériences en France, put triompher des préventions nationales des anglais. En 1854-5, M. Long, excellent armurier de Londres, l’introduisit au sport.

L’arme nouvelle ne fut pas acceptée sans réclame. Elle promettait beaucoup, il est vrai ; mais on prétendait que la charge n’avait pas la pénétration des anciens muzzle-loaders — fusils à baguette — que Joe Manton,[1] Westley Richards, Purdey, Hollis, Lancaster et consorts portèrent plus tard à la perfection, en Angleterre. La brochette disait-on, par la friction, causerait du jour dans la culasse ; l’air ou le gaz s’échapperait, ce qui pourrait faire cracher le fusil et produire des accidents.

  1. Cet éminent armurier expira à Londres, le 29 juin 1835, âgé de 69 ans. Il fut enterré avec distinction à Kensington et ce fut le fameux Col. Hawker qui prépara son épitaphe.