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santes que l’on put lui offrir : c’est ce que nous éprouvâmes ce jour là.

« Douglas, dis-je, voyez vous près de la rive, ce bouleau superbe, dont le feuillage touffu va nous donner de l’ombrage contre l’ardeur du soleil. » Ramez pour cet abri : nous y ferons la sieste, tout en fumant la pipe et nous y attendrons que ces truites capricieuse soient revenues à de meilleurs sentiments. »

À peine notre nacelle eut touché la rive, qu’il nous vint sur l’aile des zéphirs, mêlée, au bruit du courant contre les flancs de l’esquif, une musique aérienne, d’une ineffable douceur.

C’était la voix fraîche d’une belle écossaise de dix huit printemps : elle était descendu avec un seau, puiser de l’eau à la rivière. La jolie Naïade, nu-pieds, nu-tête, avec sa brune chevelure bouclée, affermie par un nœud en ruban, eut pu servir de type, à Robert Burns, pour sa « Highland Lassie. » Elle ne nous avait pas aperçus, sous l’abri de notre bouleau ; elle continua à chanter une antique ballade de son pays :


« Last May a braw wooer come down the lang glen,
And sair by his love he did deave me.
I said there was naetking I hated like men,
The deuce gae we' 'm to beleive me, beleive me,
The deuce gae we' 'm to believe me ?


Heures roses de la jeunesse………  ! où êtes vous !

« Douglas, pousse au large ! Vois comme la truite saute. Mettons pour appât, une mouche aux ailes rousses. Ha ! Parfait ! rien d’effectif comme cette mouche dans le Jacques Cartier. Tenez bons ! c’est un poisson de quatre livres au moins ! Doucement, mon beau ! Doucement ! Le rubis et le saphir brillent sur tes flancs azurés. C’est