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minables huards, que voilà au large de nous, lesquels par leurs cris chassent le poisson ? Savez-vous que naguère, je leur ai vu jouer un bon tour. Mon fils se munit d’une ligne longue de cent pieds, à laquelle il assujettit un gros hameçon. Que prétends-tu, lui ai-je dit. — « Laissez faire, » rétorqua-t-il. Puis, il prit un goujon vivant, qu’il empala sur l’hameçon, sans le tuer ; il lia une flotte de bois à l’hameçon et lâcha le goujon dans le lac, près des huards. Les évolutions du goujon leur parurent d’abord suspects ; mais bientôt enhardi, le patriarche du clan emplumé, se mit à la poursuite de l’appât vivant et l’avala avec l’hameçon. Monsieur, lâche un cri perçant et plonge jusqu’au fond, mais la flotte ou bouée, l’eut bientôt ramené à la surface. Il se fatigue, plonge de nouveau et revient ; mon fils guette le moment où il reparaît et d’un coup d’aviron, il l’assomme. »

Hé !  ! un saumoneau ! m’écriai-je, le premier saumon pris dans le Jacques Cartier, depuis deux ans l C’est vrai que l’écluse à la chute, a barré le passage, même aux saumons adultes, capables de franchir la cascade chez Déry. On m’a ri au nez pour avoir prétendu que le saumon remontait plus haut que la chute de Sullivan : je sais cependant que tel a été le cas dans le passé. Les hautes eaux récentes ont fourni à quelques saumons, le moyen de remonter ; en voilà la preuve.

Bientôt, notre canot alla atterrir, à une anse où nous échangeâmes une poignée de mains avec un vieux trappeur du nom de Dulkin, qui peu de temps auparavant avait servi de guide, dans une chasse à l’ours en ces endroits, au colonel Strange, commandant de la garnison de Québec, accompagné de quelques-uns de ses officiers.

Plus d’une fois, j’ai remarqué que la truite, sans cause apparente, cessait de sauter aux mouches les plus sédui-