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pêche ; un vent frais nous vint en aide. On lança la pirogue ; des mains féminines nous avaient préparé une copieuse collation et vogue la galère !

Le Jacques Cartier, dont les méandres et les îlots, sont à cet endroit, diaprés de beaux ormes, à quelque chose de féerique. Silence absolu dans les bois, excepté le bruissement de la truite qui saute aux mouches et aux insectes entrainés dans l’onde, alterné par la note grinçante de l’Alcyon (Martin-Pêcheur) qui plonge réitérément sous la vague, en quête de jeunes poissons, qu’il va déguster, sur une branche sèche ; mais notre esquif l’a gêné et plus d’une fois, l’actif et matinal pêcheur, a manqué son coup.

La nacelle, à un détour du Jacques Cartier, fut entraînée sous une rive escarpée ; tout-à-coup, je notai près du bord, des rides sur l’onde ; je crus d’abord que cela était dû au passage d’un rat-musqué, entre deux eaux. Les rides s’étant répétées, Douglas qui conduisait le canot, fit halte. « Il y a de la truite ici, dit-il. Qu’est-ce donc qui les attire ? »

— Je regardai et je notai qu’une nappe de gazon couvrait le bord de cette rive altière ; qu’à chaque instant, il en bondissait dans l’eau, une sauterelle que les truites avalaient avec avidité. Je substituai de suite, au bout de ma ligne une mouche artificielle ressemblante à une sauterelle et en un clin d’œil, mon hameçon se fixa fermement dans la mâchoire d’une truite du poids de deux livres ; laquelle, après quelques soubresauts, prit place dans mon panier de pêche ; puis, une seconde de même grosseur ; mais ce fut la dernière.

« Plus de gros poissons dans ce remous, c’est inexplicable : mon ami Douglas ? »

— Qui sait, répliqua Douglas, si ce n’est pas ces abo-