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printemps, la femelle remonte ces fleuves, suit les rivières, et va déposer ses œufs dans une espèce de fosse creusée par elle dans le sable ; puis, le mâle vient à son tour y répandre sa laite.

« Les saumons suivent un certain ordre dans ces migrations périodiques. Une femelle, la plus grosse de la troupe, marche en tête ; les autres femelles la suivent, nageant deux à deux ; puis viennent les mâles et enfin les jeunes saumons. Ils franchissent dans le même ordre les cascades et les digues, car le saumon peut s’élancer à une hauteur de quatre à cinq mètres hors de l’eau. Pour cela, il se courbe en demi-cercle, s’appui contre un corps solide, tel qu’une pierre, et, redressant son corps avec la force et la vitesse d’un ressort, il s’élance audessus de l’obstacle.

J’ai vu réitérément les saumon s’efforcer de franchir la passe au saumon érigée par l’état au ruisseau à Marse, près de la Grande Baie des Ha ! Ha ! district du Saguenay ; ils faisaient plusieurs sauts désespérés, infructueux, mais enfin, ils en venaient à bout.

« La vitesse avec laquelle nagent les saumons, égale celle d’une locomotive de chemin de fer ; » ils franchissent par seconde une étendue de vingt quatre pieds environ.

On ne sera pas surpris, dit Lacépède, de cette célérité, si l’on fait attention à la conformation du saumon. Les saumons ont dans leur queue une rame très puissante. Les muscles de cette partie de leur corps jouissent même d’une si grande énergie, que des cataractes élevées ne sont pas pour ces poissons des obstacles insurmontables. C’est surtout, lorsque le plus gros de leur troupe, celui que l’on a nommé leur conducteur, a sauté avec succès, qu’ils s’élancent avec une nouvelle ardeur. Après toutes ces fatigues, ils ont souvent besoin de se reposer.