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droite ; les écailles sont très petites ; la peau de l’estomac est très-forte ; et il y a soixante vertèbres à l’épine du dos, de chaque côté de laquelle sont disposées, trente côtes.

« La truite aime une eau claire, froide, qui descend de montagnes élevées, qui s’échappe avec rapidité, et qui coule sur un fonds pierreux.

« Les grandes chaleurs peuvent incommoder la truite au point de la faire périr : aussi la voit-on vers le solstice d’été, lorsque les nuits sont très-courtes et qu’un soleil ardent rend les eaux presque tièdes, quitter les bassins pour aller habiter au milieu d’un courant, ou chercher près du rivage l’eau fraîche d’un ruisseau ou celle d’une fontaine. Elle peut d’autant plus aisément choisir entre ces divers asyles, qu’elle nage contre la direction des eaux les plus rapides avec une vitesse qui étonne l’observateur, et qu’elle s’élance audessus de digues et de cascades de plus de deux mètres de haut.

« Il paraît que le temps du frai de la truite varie suivant les pays. »

En Canada, les truites fraient en automne. Elles montent quelquefois jusque dans les rigoles qui ne sont entretenues que par les eaux fluviales. « Elles cherchent un gravier couvert par un léger courant, s’agitent, se frottent, pressent leur ventre contre le gravier ou le sable, et y déposent des œufs que le mâle arrose plusieurs fois dans le jour de sa liqueur fécondante. » Bloch a trouvé dans les ovaires d’une truite des rangées d’œufs gros, comme des pois, et dont la couleur orange s’est conservée pendant longtemps, même dans l’alcool.

D’après cette grosseur des œufs de truites, il n’est pas surprenant qu’elles contiennent moins d’œufs que plusieurs autres poissons d’eau douce ; et cependant elles multi-