Page:LeMoine - Chasse et pêche au Canada, 1887.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’était autre qu’une perdrix de bois francs, était dans notre carnassière. Quelque instants après, au moment où nous passions dans un massif de sapins, il vint du haut d’un arbre un hou ! hou !  ! qui fit tressaillir le baron, et un énorme hibou alla se percher sur la maîtresse branche d’un gros pin.

— Un aigle ! un aigle, morbleu ! s’écria le Gascon, et sans attendre, il lui lâcha, pour être plus sûr, les deux coups de son fusil ; j’allai ramasser cette grosse pièce qui nous encombrait, sans être d’utilité aucune. Une tourte attardée s’était, un peu plus loin, posée sur un rameau sec d’un hêtre ; « Vite, » dit-il, bang !… et la pauvrette qu’il nomma un « pigeon des bois, » alla tenir compagnie au hibou. Puis, c’était le tour d’un pauvre écureuil.

Enfin, nous avancions vers les bois francs, et le soleil déclinait. Les lièvres rodèrent bientôt. En tournant l’angle d’un sentier, je vis à quelque distance, dans le demi jour, un animal, que je reconnus de suite pour un porc-épic. La baron ne me donna pas le temps de le renseigner. « Oh ! » s’écria-t-il, « quelle Providence, un vrai castor du Canada ! Quelle pièce ! » bang !… et le porc-épic avait rendu l’âme.

Le temps de la revanche approchait. J’étais épuisé du poids réuni des malles et du gibier ; j’avais une chance de me débarrasser du fameux capot de cuir de gazelle… je la saisis.

— Voilà un beau gibier en effet, lui dis-je ; qu’allons nous en faire ? Pour ma part, je suis écrasé par le fardeau que je porte, je n’en peux plus. Le castor a en effet les soies rudes, piquantes mêmes. Il ne nous reste que la ressource de l’envelopper dans le capot de peau de gazelle. Je vais vous le charger sur les épaules, M. le baron, et vous aurez à exhiber à vos amis un trophée digne de votre