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mesures plus efficaces que celles qui existent pour sauvegarder la bécasse rouge, on la comptera au nombre des races éteintes, partout dans un rayon de cent milles des plages de l’océan Atlantique… et en moins de cinquante ans du jour où j’écris (1848), je suis convaincu que la bécasse rouge sera aussi rare dans les États de l’Est et du Midi, que l’est maintenant le dindon sauvage et le Tétras de prairies (Tétras Cupido). Le caille durera un peu plus longtemps et le Tétras gris (notre perdrix à fraise) « périra le dernier : mais le commencement du vingtième siècle verra nos grands bois, nos vastes savanes, les versants de nos montagnes, sans gibier, mornes et désolés[1]. »

Ses prédictions sont en train de se réaliser.

Mon journal de chasse me fournit l’extrait suivant :

« Je compterai toujours parmi mes chasses, sinon les plus fructueuses, du moins les plus agréables, une excursion que je fis avec un mien ami, une fraîche matinée de septembre, dans les érablières : qui tapissent le versant sud des montagnes du Château-Richer, côte de Beaupré.


C’était l’heure où les bois s’éveillent aux ramages
Des ruisseaux babillards et des oiseaux sauvages ;
Où du soleil levant, les radieux reflets,
Redonnent leur couleur aux feuilles des forêts.
L. P. Lemay.


« L’astre radieux du jour, vainqueur des brumes du matin, dorait en ce moment les cimes sombres de quelques chênes rabougris laissés dans les pâturages au pied des côtes, pour donner ombrage aux troupeaux ; la chute des feuilles approchait, c’était donc l’époque où les forêts du Canada se drapent dans leurs habits de fête. Vous êtes-vous jamais, cher lecteur rendu compte du coup d’œil éblouissant qu’elles présentent chaque automne à l’approche de

  1. Frank Forester’s Field Sports.