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magny, chevalier Grande Croix de l’ordre de Jérusalem et gouverneur de Québec.

Il a laissé son nom au florissant comté de Montmagny, qui contenait sa chère réserve de chasse.

On n’a d’autres rapports que les faibles traces de la tradition, des brillantes chasses qu’il faisait annuellement sur les bords verdoyants et marécageux de ses îles, — des canards noirs, sarcelles et bécassines qu’il servait rôtis à sa petite cour dans l’enceinte sacré du Château St-Louis.

La nature elle-même semble avoir prédestiné ce verdoyant groupe d’îles solitaires à servir de refuge à la tribu aquatique. Ces lieux étaient non seulement un parc de chasse pour le printemps et l’automne et un champ d’incubation, mais ils étaient encore un hôpital pour les oiseaux infirmes et blessés du voisinage.

La mère Juchereau, de l’Hôtel-Dieu, de Québec, en racontant dans son journal, sous la date du 8 juillet 1714, la visite qu’elle fit avec huit de ses saintes compagnes et de l’aumônier, le Rev. Messire Thibault — avec la permission de l’évêque — à la grosse Île-aux-Oies, alors dernièrement achetée par les dames de ce monastère et leur appartenant encore aujourd’hui, décrivait ainsi con amore ce singulier rocher connu encore de nos jours sous le nom de Rocher de l’Hôpital :

« Pendant notre séjour en ce lieu, (l’Île-aux-Oies) on nous montra tout ce qu’il contenait de rare ; nous nous promenâmes en différents endroits fort agréables, mais ce qui nous parut le plus singulier, c’est un gros rocher qui de tout temps a été nommé l’Hôpital, parce qu’aussitôt que les chasseurs ont blessé une outarde, ou quelqu’autres oiseaux, ils s’envolent sur ce rocher comme à un asile où ils trouvent du soulagement ; ils ont là effectivement de petites commodités, où l’on croirait que l’art