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d’une fois, d’intimes jouissances. Chasseur de menu gibier d’abord, j’aspirai bientôt à l’honneur d’occire de grosses pièces, après avoir subi mille épreuves, et affronté les désillusions sans fin des chasseurs.

Explorer, étudier les endroits de chasse, les plus en renom, des environs, fut un de mes premiers soins.

Je me mis en rapport avec les principaux chasseurs de la paroisse, ceux qui chaque année, allaient faire le coup de fusil, soit à la Dune, à l’Île-aux-Grues, à la batture aux loups-marins, aux battures plates de St-Joachim, à[1] la grande anse de Kamouraska, quartiers généraux en avril et en septembre, des oies sauvages, des canards, des sarcelles, et du menu gibier de grève, pleuviers, barges, Courlis que nous nommons corbijeaux etc.

St-Thomas (maintenant Montmagny) comptait plusieurs chasseurs de haute pègre : un surtout primait par son tir, le Sieur Jacques Oliva, ou mieux le Seigneur Oliva. Toutefois ; je n’assurerai pas, qu’il eut entièrement droit au titre de seigneur. Pour les enfants du village ce devait être un seigneur, puisqu’il habitait le manoir seigneurial, le vieux manoir des Couillard de L’Épinay ; c’était donc admis.

Les préparatifs du seigneur Oliva pour sa grande chasse du printemps, (à cette époque la chasse au printemps était permise), jetaient l’émoi aux alentours.

Aux premiers soleils d’avril, un vieux matelot de la paroisse était mandé au manoir, pour calfeutrer, goudronner

  1. Les premières outardes. — Vendredi dernier (25 mars 1887) Achille Lebel, forgeron, et Jérémie Levêque, charron, ont abattu trois outardes à Fraserville, Comté de Temiscouata. — Le Canadien 29 mars 1887.