Page:LeMoine - Chasse et pêche au Canada, 1887.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

français le convièrent. Dès l’aurore, les chasseurs s’étant disséminés sur les divers points où le gibier devait passer, une troupe de pleuviers se montra ; les chasseurs, d’imiter le cri de ces oiseaux, lesquels descendirent du haut des airs et durent alors essuyer une espèce de feu de file, sur une grande étendue de terrain. Cinq ou six fuyards échappèrent seuls de toute la cohorte : la chasse dura jusqu’au coucher du soleil, et, quand il les quitta, ces nemrods montraient la même soif de carnage que le matin : un d’eux comptait soixante et trois douzaines de pleuviers pour sa part. Audubon vit cinquante chasseurs dans les environs et portant à vingt douzaines la moyenne pouf chaque chasseur, il affirme que quarante huit mille pleuviers dorés expirèrent ce jour là : rien moins que la véracité bien connue du grand naturaliste nous porterait à recevoir ce calcul comme correct : mais enfin, c’était pendant la migration d’automne de ces oiseaux et, à cette saison, on les comptait par millier. Audubon dit que, six années auparavant, les pleuviers dorés s’étaient montrés en égale abondance.

Les pleuviers nichent sur les terres basses et incultes de la mer arctique : le nid est un petit trou dans la mousse ou sur un endroit sec ; la ponte se compose de quatre œufs, couleur de crème avec des taches et des points brun foncés ou pourpres, irrégulièrement disposés. Les petits sont prêts à courir dès qu’ils ont rompu leur coquille ; ils cherchent à se garantir du danger en se blottissant à plat sur le sol : la femelle a beaucoup d’attachement pour sa famille. Elle a recours à toutes espèces d’artifices pour les garantir du danger : elle se trainera péniblement à terre, comme si elle était dans les transes de l’agonie, ou que ses ailes fussent rompues : cela dans le but d’appeler sur elle les malheurs qui menacent sa couvée. Les pleuviers