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d’une rare sagacité ; les formes athlétiques du pointer prédominent généralement chez les dropper ; l’on affirme qu’ils sont incertains dans leurs chasses et que leurs écrois dégénèrent à la seconde génération.

Le pointer est âpre, ardent, batailleur même ; il typifie les deux ordres que les vieux livres désignent comme Sagaces et Pugnaces.

S’il n’a pas la vitesse merveilleuse du setter, il est plus dur à la misère, souffre bien moins de la soif ; on peut même l’employer dans les plaines où le manque d’eau potable rendrait le setter inutile. Il chasse à ravir dans les lieux découverts ; mais il n’aime pas les fourrés, le grand bois, bien qu’on réussit souvent à vaincre, en cela, sa répugnance ; il ne prend l’eau qu’à contre-cœur. Pour le jeune Actéon des villes, qui ne peut se permettre que trois ou quatre parties de chasse par saison, le pointer est préférable. Une fois dressé, il reste dressé ; tandis que le setter requiert souvent une nouvelle leçon à chaque partie de chasse, à moins de chasser constamment.

Le pointer n’a pas le naturel affectueux du setter : il pointera aussi bien pour un étranger que pour son maître. Il chasse en un mot pour son propre compte ; mais il ne tolère pas toujours la maladresse chez le chasseur. Sir Walter Scott se plaisait à rappeler une anecdote à propos d’un vieux pointer qu’il avait prêté à son ami, le comédien, Daniel Terry. Terry fit lever une couvée entière de perdreaux et lâcha ses deux coups de feu sans rien tuer. Le chien se retourna, le toisa de haut en bas ; puis, il continua de pointer. Terry eut une seconde mésaventure semblable : l’animal, baissa la queue, leva la patte de derrière… puis, quitta de suite le malencontreux chasseur. « Le pointer est infatigable ; l’ardeur de la poursuite lui fait tout oublier. Tous les chiens quand ils ont soif, se précipitent