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Le roi Charles XII de Suède fit enterrer solennellement son chien favori Pompe et composer pour lui des poésies et des épitaphes.

L’impératrice Catherine II de Russie aimait aussi son épagneul Rogerson au-delà de tout, et, après sa mort, elle composa à son sujet un épitaphe en français.

Mais ce n’est pas seulement parmi les têtes couronnées qu’il y a eu de grands amateurs de chiens : les savants et les poëtes en comptent aussi un nombre considérable.

Le célèbre cardinal Pietro Bembo possédait un chien dont la mort l’affligea profondément.

Le philosophe, astrologue et alchimiste Corneille Agrippa de Nettesheim avait jour et nuit près de lui un chien qui reposait sur ses pieds et passait aux yeux des gens superstitieux pour un diable déguisé.

Le savant Juste Lipse, avait trois chiens qui s’appelaient Mops, Moplurus et Saplurus : il les aimait au point qu’il fit peindre chacun d’eux à part et qu’il leur dédia des poëmes à tous trois. Le dernier, qu’il chérissait plus tendrement, étant tombé dans un vase d’eau bouillante, Lipse écrivit à son ami Philippe Rubens : Tristis hæc scribo et juxta lacrymas, non rideo. Saplurus meus obiit et id violentâ morte. On voit, à la bibliothèque de l’université de Jéna, le portrait de Juste Lipse peint avec un chien dans les bras.

Le fameux jésuite Maimbourg était un amateur si passionné des chiens, qu’un jour il prit ces animaux pour sujet d’un sermon, dans lequel il décrivit exactement le chien du roi David, et compara les dogues anglais aux jansénistes, les mâtins aux trappistes et les vigilants chiens de garde aux jésuites.

Un autre révérend, le père du Cerceau, qui écrivit la vie de Rienzi, a aussi chanté son chien Mirtille.