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LA DÉBÂCLE

SOUVENIR DU PRINTEMPS DE 1865.

“ Avril ! aimable avril, que ton haleine est pure !
“ Que de charmes nouveaux je trouve en son murmure
“ Quand elle enfle ma voile et berce mon esquif,
“ Quand elle fait frémir le ruisseau fugitif,
“ Quand elle vient jouer dans la chauve ramure,
“ Secouer, sur mon cou, ma longue chevelure,
“ Ou rafraîchir mon front mouillé par le travail !
“ Que ton soleil est chaud ! Il consume l’émail
“ Dont l’hiver recouvrait nos champs et notre fleuve,
“ Et redonne à nos prés une parure neuve !
“ Il ramène l’amour et l’oiseau sous nos cieux !
“ Il rend à nos forêts leurs chœurs mélodieux !
“ Il emplit les rameaux d’une sève abondante,
“ Le cœur des jeunes gens, d’une vigueur ardente !