J’aime à te voir, surtout, sombre Bois des Hurons.
Tu t’éveilles toujours aux cris des bûcherons,
Aux chants des charroyeurs qui mènent à la file,
Par les chemins ouverts dans la neige mobile,
Leurs grands traîneaux !
Souvent, en des temps moins heureux,
Quand le soleil de juin desséchait, de ses feux,
Le fossé de la route et l’herbe des prairies,
Je suis venu chercher sur tes mousses fleuries
Le repos bienfaisant et l’oubli de mes maux.
Mais que sont devenus tes pins aux fiers rameaux ?
Du sauvage et du fauve où sont les noires caches ?
L’écho redit encor le chant morne des haches.
Le colon est un jour venu. Tes buissons verts,
Recourbés humblement sous le vent des hivers,
Ne sauraient raconter à qui ne t’a connue,
Que jadis tu portais ton front jusqu’à la nue ;
Et ceux-là qui liront mes humbles vers, demain,
Ne te trouveront plus voilant le vieux chemin.
Quand l’été renaissait, que les chaudes haleines
Se chargeaient de parfums en effleurant les plaines,
Quelques hurons chrétiens revenaient, autrefois,
Élever leurs wigwams au milieu de ce bois.
Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/8
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