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Il l’invite à chasser au giboyeux rivage ;
À bâtir un wigwam, comme le fier sauvage,
Dont nul joug odieux ne fait courber le front.
Or, pendant qu’il parlait, un silence profond
Comme le calme plat qui précède l’orage,
Régnait sur le navire, et jusque sur la plage.
Mais quand Donnacona descendit du vaisseau,
Quand les canots légers s’élancèrent sur l’eau,
Une immense clameur, que rien n’aurait fait taire,
Fit retentir longtemps la forêt solitaire.

Pour la première fois Cartier foule ces bords
Où d’antiques forêts déroulent leurs décors :
Mais il vient en apôtre. Aux portes du village,
Le Chef le fait asseoir sur un banc de feuillage,
Et lui présente, ému, le calumet de paix :

― « Que l’amitié, dit-il, enchaîne pour jamais
L’homme libre des bois et le Visage-Pâle. »

Cartier lui tend alors une main amicale :
― « Grand Chef, je vais, dit-il, élever sous les bois,
En signe d’alliance, une divine croix. »

Donnacona joyeux, voulut aider, lui-même,
A dresser sur le roc le glorieux emblème.