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Des guerriers, tout à coup, on voit la sombre foule
Descendre sur les bords. C’est comme un flot qui roule,
Comme un vent qui gémit dans la cime des pins.
De diverses couleurs les visages sont peints.
Les membres sont couverts d’étranges tatouages,
Et les fronts, surmontés de plumes, de feuillages.
Le chef est à leur tête. Ils portent cent canots,
Qu’ils viennent tour à tour déposer sur les flots.
En effleurant la vague, alors, chaque nacelle
Fait jaillir une écume où le ciel étincelle.
Sortant de leurs wigwams, les femmes, les enfants,
Pour les pâles guerriers apportent des présents.
Les regards sont moins durs, les paroles, plus gaies,
Et la flotte s’éloigne au rythme des pagaies.

Le rapide canot qui porte le grand chef
Laisse derrière lui, tour à tour, chaque nef,
Et se rend le premier près de la Grande Hermine.
Cartier vient au-devant de ce chef qui domine,
Comme un fier potentat, un bourg qui semble heureux.
Il reçoit, tout ému, ses présents généreux,
Et lui donne en retour maintes choses de France.
Alors le vaillant chef, d’un ton plein d’assurance,
Lui parle longuement, dans un pompeux discours,
De sa grande bourgade et de ses alentours.