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Ne se doutent-ils point que ce pays si beau
Va, pour plusieurs, hélas ! devenir un tombeau ?
Avec quel doux plaisir leur regard se repose
Sur ces sauvages bords, dont l’aspect grandiose
Surpasse étrangement ce qu’ils avaient rêvé !
Mais, oubliant le monde, un cœur s’est élevé,
Comme le pur encens d’une fleur printanière,
Vers ce beau ciel nouveau d’où pleuvait la lumière...
Tu sais bien, ô Cartier ! que c’est le doigt de Dieu
Qui, malgré les périls, t’a conduit vers ce lieu !

Auprès du commandant, réunis sur la poupe,
Les trois enfants des bois forment un joyeux groupe.
Leur exil est fini. Bientôt, sous les forêts,
Ils vont aller ensemble oublier leurs regrets.

Ils entendent des voix qui montent de la rive...
Voix qui charmaient jadis leur oreille attentive,
Vous portez dans leur âme un plaisir inconnu.
Non, ce n’est plus des Blancs le parler froid et nu,
C’est le style imagé, c’est le naïf langage
Qu’ils ont de leurs parents appris dès le jeune âge.
Jamais ils n’ont trouvé tant de charmes aux bois ;
Jamais tant de bonheur ne leur vint à la fois.