Plus sombres, plus bruyants que le bois qui les cache,
Armés du tomahawk, de l’arc et de la hache,
Ils courent vers le chef, le fier Donnacona :
― « Un Esprit, disent-ils, ô noble Agouhanna,
Un Esprit a guidé vers notre rive altière
Trois canots aussi grands que la bourgade entière.
Ils portent des guerriers ! Des guerriers plus nombreux
Qu’au printemps les bourgeons sur un tronc vigoureux.
Mais ils cachent leurs arcs. Leurs visages sont pâles ;
Leurs rires et leurs chants ressemblent à des râles.
Devons-nous les chasser comme des ennemis,
Ou devant eux paraître et craintifs et soumis ?
― « Si ces hommes nouveaux viennent sur notre terre,
Sans être provoqués, nous déclarer la guerre,
Il nous faut les combattre, ô guerriers, je le veux
Et suspendre, vainqueurs, à nos reins leurs cheveux.
Mais, s’ils viennent vers nous remplis de confiance,
Montrons-nous généreux et faisons alliance. »
Le grand Chef indien, après ces quelques mots,
Suivi de ses guerriers, descendit près des flots.
Cependant les marins, dans leur vive allégresse,
Ne cessent d’admirer la rive enchanteresse.
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