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Comme un géant tombe sur les flots diaphanes,
Cet énorme rocher recouvert de cabanes
Dont les deux Indiens lui parlèrent souvent.
Des matelots chantaient, réunis à l’avant.

Les marins, vers le soir, longent encore une île,
Une île riante, une île plus fertile
Que celles qui d’abord enchantèrent leurs yeux.
C’est un brillant joyau que le fleuve orgueilleux
Sertit avec amour dans son onde sereine ;
C’est le plus bel anneau de cette longue chaîne
Que forment sur le fleuve, et jusque dans les mers,
Cent îles au front ceint d’épais feuillages verts.
De ses sauvages fleurs un doux parfum s’échappe ;
La vigne la couronne, et sa brillante grappe
Semble rire au soleil à travers les rameaux.

Un grand cri tout à coup s’élève des vaisseaux,
Monte jusques au ciel, et fait trembler les ondes.
Cent clameurs aussitôt, formidables, profondes,
Du milieu des forêts répondent à ce cri.
Devant les bâtiments, formant un vaste abri,
S’avançait dans le fleuve un rocher âpre et sombre :
Son flanc se hérissait de cabanes sans nombre ;
Son sommet couronné d’arbres majestueux,
Semblait, dans son orgueil, aux vents impétueux