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Mais chaque soir, hélas ! son attente était vaine.
Elle ne venait plus. D’une âme trop sereine
Oubliait-elle donc un innocent plaisir ?
Ne savait-elle plus l’ardeur de son désir ?

« Il aimait sa douleur et ne pouvait la taire.
Souvent il s’approchait de l’antre solitaire.
Il entendit, un jour, la plainte de l’enfant.
Il entendit aussi le rire triomphant
Du génie infernal qui la tenait captive.
Il pousse une clameur qu’au loin l’onde et la rive
Répètent bien longtemps. Tous les Esprits des eaux
S’élancent à la fois des joncs et des roseaux.
La base du rocher est bien vite sapée.
Et, du dieu des combats la force alors trompée
Devient vaine. Le roc s’ébranle et disparaît.
Seul, le gîte où vainqueur, le dieu se retirait,
Restait encor debout, bien au-dessus de l’onde.
Mais un instant s’écoule, une porte profonde,
La même que tu vois, s’ouvre dans le rocher,
Et le jour et la mer vont tout à coup lécher,
De leurs reflets joyeux, le fond de la tanière
Où gémissait toujours la belle prisonnière.
Areskouï, pour fuir, prit l’aile d’un corbeau.
Sous les traits redoutés de ce lugubre oiseau,