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Belle comme l’amour à notre premier rêve,
Et les oiseaux chantaient tout le long de la grève.
Peut-être allumait-elle un feu subtil et doux ;
Et sans aimer, peut-être, on devenait jaloux.

« L’œil errant sur les eaux, du haut de sa demeure,
Le sombre Areskouï l’aperçut. C’était l’heure
Où le taillis n’a plus que de faibles échos,
Où la grive et la fleur aspirent au repos.
La mer, teinte de rose, au loin dormait. Les nues
Qui déployaient au ciel des formes ingénues
Semblaient flotter au fond de l’immense miroir.
Le souffle harmonieux qui s’élève, le soir,
Faisait de temps en temps, avec un doux murmure,
Frissonner ça et là l’onde dormante et pure.
Et l’aile de l’oiseau striait ce champ uni.
La vierge, en souriant, d’un bras souple et bruni,
Repoussait le flot bleu qui noyait son épaule ;
Elle allait, se berçant comme un rameau de saule
Au souffle du zéphyr ; et ses épais cheveux
Déroulaient leurs anneaux sur son cou gracieux.

« Nina sortit des eaux. Partout se glissait l’ombre,
Et chaque rameau vert semblait un voile sombre.