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« Et, pour saisir son bras, dans son amour jaloux,
Souvent il s’avançait avec un rire doux ;
Mais la fille des bois nageait vers le rivage,
Et cherchait un abri sous le manteau sauvage
Des séculaires pins, gardiens de sa beauté.
Alors Areskouï s’enfuyait, irrité.
Dans sa retraite sombre, alors, comme un tonnerre
On entendait l’écho de sa sourde colère.

« Quand le jour, cependant, inondait les forêts
De discrètes lueurs et de tièdes reflets,
Un bienfaisant génie, au front jeune et superbe,
Sous les traits d’un chasseur sortait des touffes d’herbe.
Respectueux et doux, il s’en allait alors,
Nageant avec souplesse, en gracieux essors,
Vers la naïve enfant. Elle semblait l’attendre.
Sans honte, avec pudeur, son regard franc et tendre
Se levait confiant sur le beau compagnon.
Parfois elle fuyait, et, de son pied mignon,
Elle fouettait la mer qui volait en rosée ;
Ou, la gorge sur l’onde, et la tête posée
Sur les gerbes de jonc que le flot apportait,
Elle semblait dormir. Innocente, elle était