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Des lierres, des lichens s’attachaient à ses flancs.
Sombre, il semblait monter jusqu’aux nuages blancs.
Morose et sacrilège, aujourd’hui la ruine
Habite seule, hélas ! la demeure divine.

« Comment ce vaste asile a-t-il été détruit ?
Je ne bandais pas l’arc que j’en étais instruit.
Et je vais, si tu veux, te conter cette histoire
Que nul guerrier chez nous, ne refuse de croire.
Autant de lunes d’or ont monté dans les airs,
Autant de bleus glaïeuls, au bord des ruisseaux clairs,
Se sont épanouis sous une tiède haleine,
Autant de blancs frimas ont argenté la plaine,
Depuis que s’est passé le grand événement
Dont je te fais, Cartier, l’histoire en ce moment,
Qu’il passe sur nos mers, l’automne, de bruines,
Que le chêne a de nœuds et le houx vert, d’épines. »

― « Nous entrons dans la Baie... Inclinons à tribord,
Dit Cartier, et cherchons un fleuve plus au nord. »
Et tout en écoutant la légende encor neuve,
Ils brassent la voilure et rêvent d’un grand fleuve.

― «Nina, dit l’Indien, était donc, autrefois
La plus belle des fleurs écloses sons nos bois :