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Et laissent derrière eux l’île aux bords verdoyants.
Comme des moissonneurs, dans les prés ondoyants,
Ouvrent un long sillon avec l’humble faucille,
Ainsi, dans l’océan, la vaillante flottille
Trace vers l’inconnu son magique sentier.
Et la course est rapide. Et, sur le pont, Cartier,
Entouré de marins, son fidèle équipage,
Regarde à l’horizon s’élever le rivage.
Il tressaille en pensant que ce pays si beau
De la France sera le plus riche joyau.

Dans le ciel cependant roulent de noirs nuages,
Et sur la mer encor s’abattent des orages.
Le golfe dans ses flots cacha plus d’un écueil.
Et Satan n’a perdu ni l’espoir, ni l’orgueil.
Il ose croire encor qu’un terrible naufrage
De l’ange du Seigneur peut détruire l’ouvrage.
Mais les vaisseaux prudents virent bientôt de bord,
Et trouvent à la côte un sûr et large port.
Quand le vent du matin s’éleva favorable,
Que le flot azuré vint effleurer le sable,
Chantant, on leva l’ancre, et les trois bâtiments
Coururent de nouveau sur les flots écumants.