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REFLETS D’ANTAN

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La lueur grandissait. De ses flèches aiguës
La flamme en bourdonnant semblait percer les nues ;
Un rideau ténébreux dérobait les forêts ;
Et du vaste brasier les ondoyants reflets
Luisaient d’un vif éclat, au loin sur l’onde amère,
Comme le souvenir d’une joie éphémère
Vient luire quelquefois sur notre pauvre cœur,
Recouvert à demi d’un voile de douleur.

La flamme cependant s’était bien vite éteinte,
Et la mer n’avait plus sa lumineuse teinte.
Monté sur son vaisseau, l’aventureux marin
Reposait ses esprits dans un sommeil serein.
Aussitôt que l’aurore au monde vint sourire,
Il monta radieux, sur le pont du navire,
Et longtemps sur la mer promena son regard.
Alors les matelots, honteux d’être en retard,
Laissèrent volontiers leurs hamacs et leurs rêves.
Le vent soufflait du large et l’onde sur les grèves
Jetait sa blanche écume avec d’étranges bruits,
Pendant qu’au ciel montaient les frais brouillards des nuits.

Tout à coup, rasant l’île, une frêle pirogue
Sur les flots écumeux se précipite et vogue.