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Pour le sauver enfin des entraves des Blancs ?
Des pas froissent le sol sous les rameaux tremblants ;
Un feuillage s’écarte, une branche est levée,
Et soudain apparaît une forme rêvée.
Un doute amer alors retient Domagaya.
C’est bien, lui semble-t-il, la jeune Naïa...

Pendant que de stupeur il reste sans parole,
Jusqu’au pied du sapin la chasseresse vole,
Et ramasse l’oiseau que sa flèche a percé.
Elle aperçoit alors, contre un arbre adossé,
L’homme que pour époux a choisi sa tendresse :
Elle lui tend les bras, jette un cri, puis s’affaisse.
Domagaya près d’elle à genoux s’est jeté.
Il soulève son front avec anxiété,
Met un baiser ardent sur sa main refroidie,
Lui parle. Chaque mot est une mélodie.
Et bientôt, à la voix du fidèle chasseur,
Elle ouvre ses beaux yeux tout remplis de douceur.

― « Ô toi qui m’apparais sous cet ombreux feuillage,
Es-tu Domagaya, l’ami de mon jeune âge,
Dit-elle, en essuyant des pleurs délicieux ?
Ou bien es-tu, dis-moi, son esprit soucieux